Le Prix Littéraire des Écoles de Bagneux, initié en 2010, vise à promouvoir la lecture et la création artistique auprès d'environ 50 classes de la ville, allant de la maternelle à la 6ème. Ce projet collaboratif, orchestré par l’Éducation Nationale, la ville de Bagneux et la médiathèque Louis-Aragon, explore chaque année une nouvelle thématique à travers une sélection de livres adaptés à chaque cycle scolaire.
Les élèves lisent les ouvrages sélectionnés et participent, sous la direction de leurs enseignants, à des activités axées sur la maîtrise de la langue et les arts plastiques. En fin d'année, chaque classe vote pour son livre préféré parmi la sélection.
Déroulement de l’édition 2023-2024
L’édition de l’année scolaire 2023-2024 a démarré dès le printemps 2023, avec le choix de la thématique par les bibliothécaires jeunesse. Les professionnels ont opté pour «À la rencontre des langues », en écho à l'actualité des Jeux Olympiques et à l'idée de rencontre et de partage entre les cultures. Pendant l'été, elles ont présélectionné une dizaine de livres sur ce thème pour chacun des trois cycles scolaires.
En septembre, les enseignants volontaires se sont réunis pour voter et finaliser la sélection des livres. La ville de Bagneux achète les livres et les met à disposition des écoles, afin que les classes puissent les étudier.
Durant l'année scolaire, la médiathèque a accueilli les classes volontaires pour des activités variées : les plus jeunes ont participé à des ateliers de lecture et de kamishibaï, tandis que les plus grands ont pris part à des débats. Des rencontres avec des professionnels du livre ont également été organisées, comme celles avec l'illustratrice Florie Saint-Val.
En fin d'année scolaire, les classes ont voté pour leur livre préféré. La clôture du projet sera marquée par une fête le 14 juin 2024 à la médiathèque. Y aura lieu l’annonce des livres élus et le vernissage de l’exposition des créations artistiques des élèves en lien avec les livres de la sélection, et en présence de Madame le Maire et des élus de la ville. Les familles, et tous les curieux, sont invitées à ce moment festif pour découvrir et apprécier le travail accompli par les enfants !
Interview de Maryvonne Audren, Conseillère pédagogique départementale Langues vivantes
Pouvez-vous nous expliquer votre rôle sur le projet du prix littéraire des écoles de Bagneux ? Depuis combien de temps participez-vous à ce projet et qu'est-ce qui vous a donné envie de vous y impliquer ?
Avant de devenir conseillère pédagogique départementale en langues vivantes il y a environ dix ans, j'occupais le poste de conseillère pédagogique à Bagneux. J'étais donc impliquée dans la création du prix littéraire des écoles. Cette année, en raison de la thématique axée sur les langues vivantes, j'ai été de nouveau impliquée dans le projet, notamment en tant que modératrice des débats.
Cette thématique me semble particulièrement importante à Bagneux, une ville multiculturelle où de nombreuses familles sont parfois bilingues ou trilingues. Elle me tient particulièrement à cœur, car parler de la langue, c’est parler des autres, c’est un acte citoyen ! Par exemple, l'album "Perdu ma langue" de Daisey Bolter et Victoria Dorche raconte l’histoire d’un petit garçon né en France de parents immigrés : comment conjuguer cette double identité ?
Quels sont les principaux objectifs pédagogiques que vous visez avec ce prix littéraire ?
Le prix offre aux élèves l'opportunité de découvrir le plaisir de la lecture au travers d’albums de qualité issus d’une sélection faire par la médiathèque, grâce aux compétences de bibliothécaires sur le monde du livre. En classe, un travail approfondi sur la compréhension des livres est mis en place : lire les textes, en discuter, donner son avis et choisir un livre préféré.
Il est primordial pour nous que les élèves acquièrent les clés du débat littéraire, afin de dépasser le simple « j’aime » / « je n’aime pas » et d’argumenter sur l’écriture des livres, les illustrations et les valeurs véhiculées dans les histoires. Cette année, les débats des cycles 3 ont été particulièrement riches. Ces échanges ont permis aux élèves de débattre dans le respect de la parole de chacun et de justifier leurs choix. Il était crucial qu’ils comprennent qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, et qu’ils peuvent exprimer leurs avis librement. L’objectif est qu’ils développent une posture critique vis-à-vis des livres, prennent du recul sur ce qui les touche et les intéresse, et acquièrent des compétences réflexives pour devenir de futurs citoyens éclairés.
Les rencontres avec les auteurs et les illustrateurs sont particulièrement significatives pour les élèves. Elles donnent une réalité concrète aux personnages de papier. Derrière ces histoires, il y a des professionnels qui leur donnent vie et qui peuvent inspirer les enfants pour l'avenir.
Pourquoi choisir une thématique chaque année ?
Pour moi, avoir une thématique est essentiel ! Cela me permet d'accompagner les enseignants de manière plus efficace dans ce projet. Ainsi, la thématique facilite le croisement des enseignements et des apprentissages (arts plastiques, langues, maîtrise de la langue) et éclaire la sélection des ouvrages par cette approche interdisciplinaire qui donne du sens aux apprentissages.
Serez-vous présente à la remise du prix ?
Oui ! Terminer par un événement festif de remise de prix me tient particulièrement à cœur et fait partie intégrante de l'ADN du prix littéraire. Cette fête permet de montrer que nous prenons plaisir à lire et à participer au prix, qui nous rapproche autour de la construction d’une culture commune partagée. Cette année, nous avons également pris beaucoup de plaisir à découvrir la richesse des langues, les mots et les sonorités inconnues !
Un mot de fin ?
La sélection des bibliothécaires est vraiment superbe cette année, tout comme les années précédentes. Leur connaissance des livres et leur savoir-faire sont inégalables. Dans ce projet, chaque entité apporte ses compétences au bénéfice des élèves, leur offrant ainsi une ouverture sur le monde et une découverte de multiples univers.
Je pense que ce projet est une réussite, car il continue à prospérer, même si les personnes qui l'ont créé ne sont plus à Bagneux aujourd'hui !
Crédits photo : Sébastien Bellanger
