Un court-métrage est une œuvre cinématographique de courte durée, généralement inférieure à 30 minutes, bien que certaines définitions fixent la limite à 40 minutes, génériques compris.
Ce genre se distingue par sa concision et son intensité narrative, favorisant une expression artistique dense et souvent innovante.
Les courts-métrages permettent de raconter une histoire complète en peu de temps, obligeant les réalisateurs à faire preuve de créativité pour captiver leur public rapidement.
Cette contrainte de durée encourage des narrations plus directes et parfois expérimentales. Le format est souvent utilisé pour traiter de thèmes sociaux, culturels ou environnementaux avec un impact immédiat et percutant.
Ils peuvent également aborder des genres très divers, allant de la comédie au drame, en passant par la science-fiction, l’animation ou le documentaire.
Leur format libre permet souvent des explorations narratives ou esthétiques difficiles à intégrer dans un long métrage.
Autre caractéristique des court-métrages, son économie de moyen.
Bien que certains courts-métrages bénéficient de budgets conséquents, la plupart sont réalisés avec des moyens limités.
Cette économie favorise des solutions inventives dans la mise en scène, les décors et les effets visuels.
Les festivals de cinéma comme le Festival de Clermont-Ferrand (France), le Sundance Film Festival (États-Unis) ou le Festival de Cannes (section courts-métrages) célèbrent cette forme artistique.
Porte d’accès ou tremplin artistique, pour de nombreux cinéastes, le court-métrage constitue un point d’entrée dans l’industrie du cinéma.
Des réalisateurs comme Wes Anderson, Tim Burton ou Damien Chazelle ont commencé leur carrière en réalisant des courts-métrages.
Espace d’expérimentation, le court-métrage offre un espace pour tester de nouvelles idées, techniques et approches sans les contraintes commerciales des longs-métrages.
Dans les écoles de cinéma, la réalisation de courts-métrages est une étape clé pour les étudiants afin d'apprendre les bases de la narration visuelle et de la production.
Le court-métrage est l’un des premiers formats du cinéma. Par sa brièveté et sa simplicité, il a accompagné l'évolution technique et artistique du 7ᵉ art tout en restant un espace d'expérimentation privilégié.
Origines du court-métrage (1895-1920)
Les débuts du cinéma, les premiers films réalisés par les frères Lumière (comme La Sortie de l'usine Lumière à Lyon, 1895) et Georges Méliès (Le Voyage dans la Lune, 1902) étaient des courts-métrages, car la technologie de l'époque ne permettait pas de créer de longs métrages.
Ces œuvres, souvent documentaires ou fantaisistes, posaient les bases des récits visuels.
L'essor des burlesques, les débuts du cinéma muet virent l'explosion des comédies burlesques, avec des stars comme Charlie Chaplin (Charlot patine, 1916) et Buster Keaton (One Week, 1920).
Ces films courts misaient sur un rythme effréné, des gags visuels et une économie narrative exemplaire.
L'âge d'or du court-métrage (1920-1950)
Le cinéma d'avant-garde, dans les années 1920, le court-métrage devint un support privilégié pour l'expérimentation artistique.
Un chien andalou (1929) de Luis Buñuel et Salvador Dalí, une exploration surréaliste de l'inconscient.
Ballet mécanique (1924) de Fernand Léger, une œuvre purement visuelle et abstraite.
Les cartoons et l'animation, l'âge d'or des courts-métrages animés commence avec les studios comme Disney et Warner Bros.
Steamboat Willie (1928), premier dessin animé sonore avec Mickey Mouse.
Les séries Looney Tunes, avec des personnages emblématiques comme Bugs Bunny.
L'après-guerre et les nouveaux horizons (1950-1980)
Le court comme laboratoire, avec l’apparition des longs métrages dominants, le court-métrage devient un espace pour expérimenter de nouvelles formes narratives et visuelles. Les cinémas nationaux (notamment en France, au Japon et en Europe de l'Est) s'en servent pour explorer des thèmes politiques, sociaux ou artistiques.
L'animation indépendante, les courts-métrages animés s’émancipent du cadre des studios traditionnels (La Planète sauvage (1973) de René Laloux).
Les festivals et leur rôle, les festivals comme celui de Clermont-Ferrand en France, fondé en 1979, deviennent des vitrines internationales pour ce format.
Le court-métrage contemporain (1980 à nos jours)
L'ère numérique, l'arrivée des caméras numériques et des plateformes de partage (YouTube, Vimeo) révolutionne la création de courts-métrages, rendant le genre accessible à tous. Des courts animés comme Luxo Jr. (1986) de John Lasseter annoncent la domination de Pixar dans l’animation moderne.
C’est aussi l’émergence d’une diversité de thématique et d’esthétique, le court-métrage s'impose comme un média idéal pour aborder des questions sociales, politiques et culturelles.
Renaissance grâce aux plateformes, Netflix et autres plateformes de streaming intègrent des sections dédiées aux courts-métrages. Les projets indépendants financés par des campagnes de financement participatif connaissent un essor.
A l’heure du numérique nomade et du changement des comportements de consommation de contenu vidéo, des plateformes tel que Tiktok participe à enrichir l’histoire du court-métrage et réinvente cette dynamique en l'adaptant à une consommation de masse, interactive et mobile.
Si TikTok est souvent perçu comme un outil de divertissement instantané, son influence sur les formes narratives et visuelles contemporaines montre qu’il participe à l’évolution culturelle amorcée par les premiers courts-métrages.
Qu’ils soient narratifs, expérimentaux, émotif, imaginaires, humoristiques ou poétiques, certains TikToks, bien qu’ils s’inscrivent dans un contexte de consommation rapide et de divertissement, montrent une sophistication narrative et visuelle proche de celle des courts-métrages.
Grâce à des créateurs talentueux (@dolikeaduck, @WalterDys, @Mossonyi, Claudia Cochet, @picorelab, @estebanvial, @madalena_aragoa ) révélés entre autres par le #TikTokShortFilm, compétition partenaire du festival de Cannes, la plateforme devient parfois un laboratoire créatif où émergent des œuvres dignes d’être comparées à des productions cinématographiques, condensant une narration puissante dans un format minimaliste, sorte de micro-métrage que l'on peut retrouver sous la trend #minimovie.
Le court-métrage est un format aussi ancien que le cinéma lui-même, offrant une liberté de création incomparable. Des origines documentaires aux animations modernes, il est un reflet de l'évolution des techniques et des imaginaires. Il reste aujourd'hui une plateforme essentielle pour découvrir de nouveaux talents et explorer des horizons narratifs et visuels encore inexplorés. Le court-métrage, en dépit de sa brièveté, peut contenir une puissance émotionnelle et créative immense. Il constitue un laboratoire d’idées et une fenêtre sur les talents émergents du monde cinématographique.